Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/123

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souviens, lorsque nous sommes tombés d’accord, Protagoras et moi, que rien n’était plus fort que la science, et que partout où elle se trouvait, elle triomphait du plaisir et de toutes les autres passions, et que vous, au contraire, vous prétendiez que le plaisir était souvent vainqueur de l’homme même qui a la science en partage, et que nous n’avons pas voulu vous accorder ce point ; vous nous avez, dis-je, demandé après cela : Protagoras et Socrate, si se laisser vaincre par le plaisir n’est pas ce que nous disons, qu’est-ce que c’est ? Et apprenez-nous [357d] en quoi vous le faites consister. Si nous vous avions alors répondu tout aussitôt que c’est dans l’ignorance, vous vous seriez moqués de nous : à présent vous ne pourrez le faire sans vous moquer en même temps de vous-mêmes. Car vous avez reconnu que ceux qui pèchent dans le choix des plaisirs et des peines, c’est-à-dire, des biens et des maux, pèchent pas défaut de science, et non de science simplement, mais de cette espèce particulière de science qui apprend à mesurer, comme vous l’avez avoué ensuite. Or, vous savez que toute action où l’on pèche [357e] par défaut de science a l’ignorance pour principe. Ainsi, se laisser vaincre par le plaisir est la plus grande de toutes les ignorances. Protagoras, que voici, se vante de guérir cette maladie, ainsi que Prodicus et Hippias. Mais vous, parce que vous