Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/267

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SOCRATE.

De ton côté, tu tiens les méchans pour heureux, lorsqu’ils ne portent pas la peine de leur injustice.

POLUS.

Sans contredit.

SOCRATE.

Et moi, je dis qu’ils sont très malheureux, et que ceux qui subissent le châtiment qu’ils méritent, le sont moins. Veux-tu aussi réfuter cette maxime ?

POLUS.

Elle est encore plus difficile à réfuter que la précédente, Socrate.

SOCRATE.

Point du tout, Polus : mais impossible ; car le vrai ne se réfute pas.

POLUS.

Comment dis-tu ? Quoi ? un homme que l’on surprend dans quelque forfait, comme celui d’aspirer à la tyrannie, qu’on met ensuite à la torture, qu’on déchire, à qui l’on brûle les yeux ; qui, après avoir souffert en sa personne des tourmens sans mesure, sans nombre et de toute espèce, et en avoir vu souffrir autant à ses enfans et à sa femme, est enfin mis en croix, ou enduit de poix et brûlé vif : cet homme sera plus