Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/397

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mais alors ils ne seraient tombés de leur puissance, ni de la rhétorique flatteuse.

CALLICLÈS.

Cependant, Socrate, il s’en faut de beaucoup qu’aucun des politiques d’aujourd’hui exécute d’aussi grandes choses qu’aucun de ceux-là.

SOCRATE.

Aussi, mon cher, je ne les méprise pas comme serviteurs du peuple : il me paraît au contraire qu’à ce titre ils l’emportent sur ceux de nos jours, et qu’ils ont montré plus d’habileté à procurer au peuple ce qu’il désirait. Mais pour ce qui est de faire changer d’objet à ses désirs, de ne pas lui permettre de les satisfaire, et de tourner les citoyens, soit par persuasion, soit par contrainte, vers ce qui pouvait les rendre meilleurs, c’est en quoi il n’y a, pour ainsi dire, aucune différence entre eux et ceux d’à présent ; et c’est pourtant la tâche véritable d’un bon citoyen. À l’égard des vaisseaux, des murailles, des arsenaux, et de beaucoup d’autres choses semblables, je conviens avec toi que ceux du temps passé s’entendaient mieux à nous procurer tout cela que ceux de nos jours. Mais il nous arrive à toi et à moi une chose plaisante dans cette dispute. Depuis le temps que nous conversons, nous n’avons pas