Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/401

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rempli la république de ports, d’arsenaux, de murailles, de tributs, et d’autres bagatelles semblables, sans y joindre la tempérance et la justice. Quand donc la crise viendra, ils s’en prendront à ceux qui se mêleront pour lors de leur donner des conseils, et ils n’auront que des éloges pour Thémistocle, Cimon et Périclès, les vrais auteurs de leurs maux. Peut-être même se saisiront-ils de toi, si tu n’es sur tes gardes, et de mon ami Alcibiade, quand avec leurs acquisitions ils auront perdu ce qu’ils possédaient autrefois, quoique vous ne soyez point les premiers auteurs, mais peut-être les complices de leur ruine. Au reste, je vois qu’il se passe aujourd’hui une chose tout-à-fait déraisonnable, et j’en entends dire autant de ceux qui nous ont précédés. Je remarque en effet que, quand on punit quelqu’un des hommes qui se mêlent des affaires publiques, comme coupables de malversation, ils s’emportent et se plaignent amèrement des mauvais traitemens qu’on leur fait, après les services sans nombre qu’ils ont rendus à l’état. Est-ce donc injustement, comme ils le prétendent, que le peuple les fait périr ? Non, rien n’est plus faux. Jamais un homme à la tête d’un état ne peut être injustement opprimé par l’état qu’il gouverne. Mais il paraît qu’il en est de ceux qui se donnent pour politiques, comme des so-