Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/49

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fâche en ces rencontres, si l’on use de réprimandes, c’est évidemment parce qu’on peut acquérir cette vertu par l’exercice et par l’étude. En effet, Socrate, si tu veux faire réflexion sur ce qu’on appelle punir les méchans, et sur la force attachée à cette punition, tu y reconnaîtras l’opinion où sont les hommes qu’il dépend de nous d’être vertueux. Personne ne châtie ceux qui se sont rendus coupables d’injustice, par la seule raison qu’ils ont commis une injustice, à moins [324b] qu’on ne punisse d’une manière brutale et déraisonnable. Mais lorsqu’on fait usage de sa raison dans les peines qu’on inflige, on ne châtie pas à cause de la faute passée ; car on ne saurait empêcher que ce qui est fait ne soit fait, mais à cause de la faute à venir, afin que le coupable n’y retombe plus, et que son châtiment retienne ceux qui en seront les témoins. Et quiconque punit par un tel motif est persuadé que la vertu s’acquiert par l’éducation : aussi se propose-t-il pour but en punissant de détourner du vice. Tous ceux donc qui infligent des peines, soit en particulier, soit en public, [324c] sont dans cette persuasion. Or, tous les hommes punissent et châtient ceux qu’ils jugent coupables d’injustice, et les Athéniens, tes concitoyens, autant que personne. Donc, suivant ce raisonnement, les Athéniens ne pensent pas moins que les autres,