pas ce qui nous cause du plaisir ; et je ne dis pas toute espèce de plaisirs, mais ceux de l’ouïe et de la vue. Qu’avons-nous en effet à opposer à cela ? [298a] Les beaux hommes, Hippias, les belles tapisseries, les belles peintures, les beaux ouvrages jetés au moule, nous font plaisir à voir ; les beaux sons, toute la musique, les discours et les entretiens, produisent le même effet : en sorte que, si nous répondions à notre téméraire, ami, le beau n’est autre chose que ce qui nous cause du plaisir par l’ouïe et par la vue, ne penses-tu pas que nous rabattrions son insolence ?
Il me paraît, Socrate, que ceci explique [298b] bien la nature du beau.
Mais quoi ! dirons-nous, Hippias, que les belles institutions et les belles lois sont belles parce qu’elles causent du plaisir par l’ouïe ou par la vue ? ou que leur beauté est d’une autre espèce ?
Peut-être, Socrate, que cette difficulté échappera à notre homme.
Par le chien, Hippias, elle n’échappera point à celui devant lequel je rougirais bien davantage