Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/631

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que ce n’est rien de solide ; et jamais tu ne trouveras que ce que nous n’éprouvons ni toi ni moi, nous l’éprouvions tous les deux ensemble.

[300e] SOCRATE.

Comment dis-tu, Hippias ? Peut-être as-tu raison, et ne te comprends-je pas. Mais je vais t’expliquer plus nettement ma pensée : écoute-moi. Il me paraît que ce que nous n’avons pas la conscience d’être en particulier ni toi ni moi, il est très possible que nous le soyons tous deux pris ensemble ; et réciproquement, que ce que nous sommes tous deux conjointement, nous ne le soyons en particulier ni l’un ni l’autre.

HIPPIAS.

En vérité, Socrate, ceci est encore plus absurde que ce que tu disais tout-à-l’heure. En effet, penses-y un peu. Si nous étions justes tous les deux, chacun de nous ne le serait-il pas ? et si chacun de nous était injuste, ne le serions-nous pas tous les deux ? Ou si nous étions tous les deux en santé, [301a] chacun de nous ne se porterait-il pas bien ? et si nous avions l’un et l’autre quelque maladie, quelque blessure, quelque contusion, ou tout autre mal semblable, ne l’aurions-nous pas tous les deux ? De même encore, si nous étions tous les deux d’or, d’argent,