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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/673

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qu’il leur sera facile de réduire les Athéniens au sort des Érétriens, et de les emmener captifs comme eux. Après la première expédition et pendant la seconde, aucun des Grecs ne secourut ni les Érétriens ni les Athéniens, à l’exception des Lacédémoniens ; mais ils n’arrivèrent que le lendemain du combat. Tous les autres Grecs, frappés de terreur, ne songeant [240d] qu’à leur sûreté présente, se tinrent en repos. C’est en se reportant à ces circonstances qu’on pourra estimer ce qu’il y eut de courage déployé à Marathon par ces guerriers qui soutinrent l’attaque des barbares, châtièrent l’insolent orgueil de toute l’Asie, et, par ces premiers trophées remportés sur les barbares, apprirent aux Grecs que la puissance des Perses n’était pas invincible, et qu’il n’y a ni multitude ni richesse qui ne cèdent à la valeur. Aussi je regarde [240e] ces héros non-seulement comme les auteurs de nos jours, mais comme les pères de notre liberté, et de celle de tous les Grecs de ce continent ; car c’est en jetant les yeux sur cet exploit que, disciples des guerriers de Marathon, les Grecs ne craignirent plus dans la suite de combattre et de se défendre. Il faut donc déférer la première palme à ces guerriers ; [241a] la seconde appartient aux vainqueurs des journées navales de Salamine et d’Artémise.