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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/702

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ARGUMENT

nier mot de Platon, et en général c’est toujours dans ses derniers ouvrages qu’il faut chercher sa vraie pensée, et par elle pénétrer dans ses ouvrages antérieurs, et y saisir les germes des idées que plus tard il développa avec l’étendue, la mesure et la force qui appartiennent à l’âge mûr. Dans la République, Platon se prononce décidément contre les poètes ; dans ses premiers ouvrages, sans aller jusqu’à proposer de les chasser de l’état, il les fronde incessamment, et leur lance les traits de l’ironie socratique, en les enveloppant ou en ayant l’air de les adresser à un autre but.

Ainsi, dans l’Ion, Platon n’attaque point la poésie, car il ne l’a attaquée nulle part ; la poésie est hors de cause ainsi que l’enthousiasme et l’inspiration poétique : mais l’enthousiasme, tout sublime et tout divin qu’il est, n’étant ni réfléchi ni libre, peut tomber dans de graves écarts ; et, sans atta-