Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/732

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ion.

[537b] [1] Penche-toi, lui dit-il, sur ton char bien travaillé,
Du côté gauche ; en même temps presse le cheval qui est à droite,
Du fouet et de la voix, et abandonne-lui les rênes.
Que le cheval gauche s’approche de la borne,
En sorte que le moyeu de la roue faite avec art paraisse y toucher ;
Et cependant évite de la rencontrer.

Socrate.

Cela suffit. Qui jugera mieux, Ion, si Homère parle juste ou non dans ces vers, le médecin, ou le cocher ?

Ion.

Le cocher, sans doute.

Socrate.

Est-ce parce qu’il possède l’art qui se rapporte à ces sortes de choses, ou pour quelque autre raison ?

Ion.

Non ; mais parce qu’il possède cet art.

Socrate.

Le dieu a donc attribué à chaque art la faculté de juger d’un certain ouvrage ; car nous ne jugerons point par l’art du médecin des mêmes choses dont nous jugerons par celui du pilote.

  1. Iliad. XXIII, 335.