Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/787

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pas deux hommes différens, ni opposés entre eux, mais semblables.

Hippias.

Socrate, tu as toujours le talent d’embarrasser ainsi la dispute. Tu saisis dans un discours ce qu’il y a de plus épineux, et tu t’y [369c] attaches et l’examines ainsi en petit ; et quelque sujet que l’on traite, jamais tu ne l’envisages en son entier dans tes attaques. Et de fait, je te montrerai à l’instant, si tu veux, par je ne sais combien de témoignages et de preuves décisives, qu’Homère a fait Achille meilleur qu’Ulysse, et plein de franchise, et celui-ci trompeur, menteur en mille rencontres, et inférieur à Achille. Après quoi, si tu le juges à propos, oppose discours à discours pour me prouver qu’Ulysse vaut mieux. De cette manière les assistans seront plus à portée de décider qui de nous deux a raison.

[369d] Socrate.

Je suis bien éloigné, Hippias, de contester que tu sois plus instruit que moi ; mais j’ai toujours coutume, lorsque quelqu’un parle, d’être fort attentif, surtout si j’ai lieu de juger que celui qui parle est un habile homme. Et comme j’ai grande envie de comprendre ce qu’il dit, je le questionne, j’examine, je rapproche ses pa-