Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/844

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maîtres ne le sont-ils pas de ceux qui apprennent ? Le joueur de luth, le grammairien étaient tes maîtres ; toi et les autres garçons, vous étiez leurs disciples. — Il en tomba d'accord. — Mais quand vous appreniez, vous ne saviez pas encore les choses que vous appreniez ? — Non, sans doute. — Vous n'étiez donc pas [276b] savans quand vous ignoriez ces choses-là ? — Il le faut bien. — Puisque vous n'étiez pas savans, vous étiez donc ignorans ?— Il est vrai. — Vous donc qui apprenez les choses que vous ne savez pas, vous les apprenez étant ignorans ? — Le jeune homme fit signe que oui. — Ce sont donc les ignorans qui apprennent, Clinias, et non pas les savans, comme tu le pensais.

A ces mots, comme un chœur au signal du chef, tous les amis d'Euthydème et de Dionysodore éclatèrent en de grands ris [276c] mêlés d'applaudissemens. Le pauvre garçon n'avait pas encore eu le temps de respirer, que Dionysodore, reprenant le discours, lui demanda : Mais, Clinias, quand votre maître récite[1] quelque chose, qui sont ceux qui apprennent ce qu'il récite ?

  1. Chez les Grecs, les enfans n'apportaient pas de livres à l'école, le maître récitait ce que les enfans devaient apprendre. Wolf., Prolégomènes sur Homère, p. III.