Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/887

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sont injustes ; sais-je cela, ou ne le sais-je pas ? — Tu le sais. — Quoi ? — Que les gens de bien ne sont pas injustes. [297a] — Assurément, lui dis-je, et depuis long-temps ; mais ce n’est pas là ce que je demande, mais où j’ai appris que les gens de bien sont injustes. — Nulle part, dit Dionysodore. — Je ne le sais donc pas ? repartis-je. — Là-dessus Euthydème : Tu nous gâtes l’affaire, dit-il à Dionysodore ; maintenant il paraîtra ne pas savoir, et par là savant et ignorant à-la-fois. Dionysodore rougit. — Et moi : Mais Euthydème, lui dis-je, qu’en dis-tu, toi ? Ton frère, qui sait tout, te paraît-il [297b] avoir mal répondu ? Ici Dionysodore prenant vite la parole : Moi, dit-il, le frère d’Euthydème ? — Laissons cela, mon ami, lui dis-je, jusqu’à ce qu’Euthydème m’ait fait voir que je sais que les gens de bien sont injustes, et ne m’envie pas cette belle vérité. — Tu fuis, Socrate, et ne veux pas répondre, dit alors Dionysodore. — N’ai-je pas raison de fuir ? m’écriai-je ; je suis plus faible que chacun de vous, comment ne m’enfuirais-je pas devant tous les deux ? Je ne suis pas si fort [297c] qu’Hercule, qui n’eût pas été lui-même en état de combattre à-la-fois l’hydre, ce sophiste qui présentait toujours plusieurs têtes nouvelles à chacune qu’on lui coupait ; et Cancer, cet autre sophiste, venu de la mer, et débarqué,