Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/98

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blable ; que les méchans, lorsqu’ils éprouvent de pareils traitements, ont l’air d’en être bien aises, blâment et accusent publiquement les mauvais procédés de leurs parens ou de leur patrie, pour qu’on ne leur fasse aucun reproche, et qu’on ne les accuse point de les négliger à leur tour ; d’où il arrive qu’ils grossissent de en plus les sujets de plainte, [346b] et qu’aux occasions inévitables d’inimitié ils en ajoutent de volontaires ; tandis que les bons se font un devoir en ces rencontres de dissimuler et d’approuver ; et que s’ils ont sujet de se fâcher contre leur patrie ou leurs parens, pour quelque injustice qu’ils en ont reçue, ils travaillent eux-mêmes à s’apaiser, se réconcilient avec eux, et se font violence pour les aimer et les louer. Simonide lui-même, à ce que j’imagine, a souvent cru qu’il était de son devoir de louer et de combler d’éloges certain tyran, ou certain homme puissant ; non qu’il s’y portât de plein gré, mais par une nécessité de bienséance. C’est ce qu’il déclare à Pittacus en ces termes : [346c] Si je te blâme, Pittacus, ce n’est pas que je sois enclin à censurer : il me suffit au contraire qu’un homme ne soit pas méchant ni tout-à-fait inutile, qu’il soit sensé, et connaisse la justice légale : non, je ne le condamnerai pas ; je n’aime point à reprendre. Car le