Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/637

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nous les abandonnons à leurs propres lumières ?

Cela est vrai.

En quoi donc et sous quel rapport, mon cher Glaucon, dirons-nous qu’il soit avantageux de commettre quelque action injuste, licencieuse ou contraire à l’honnêteté, dût-on même, en devenant plus méchant, devenir plus riche ou plus considérable dans le monde ?

Sous aucun rapport.

Enfin, comment prétendre qu’il soit avantageux à l’homme coupable de ne point paraître tel, et de ne pas subir son châtiment ? L’impunité ne rend-elle pas le méchant plus méchant encore ? Au lieu que, quand le crime est découvert et puni, la partie féroce s’adoucit ; la partie raisonnable redevient libre, et l’ame entière, rendue au régime du principe meilleur, s’élève, en acquérant la tempérance, la justice et la prudence, à un état supérieur à celui du corps qui acquerrait la force, la beauté et la santé, de toute la supériorité de l’ame elle-même sur le corps ?

Tu as raison.

Tel sera donc le but auquel tout homme sensé devra rapporter toutes les actions de sa vie. D’abord il ne fera cas que des sciences propres à élever son ame à cet état, et il méprisera les autres.

Certainement.