Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/29

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ce que les poètes et les peintres nous représentent [6c] dans leurs poésies et dans leurs tableaux, ce qu’on étale partout dans nos temples, et dont on bigarre ce voile mystérieux[1] qu’on porte en procession à l’Acropolis, pendant les grandes Panathénées ? Euthyphron, devons-nous recevoir toutes ces choses comme des vérités ?

Euthyphron.

Non-seulement celles-là, Socrate mais beaucoup d’autres encore, comme je te le disais tout-à-l’heure, que je t’expliquerai si tu veux, et qui t’étonneront, sur ma parole.

Socrate.

Je le crois ; mais tu me les expliqueras une autre fois plus à loisir. Présentement, tâche de m’expliquer un peu plus clairement ce que je t’ai [6d] demandé ; car tu n’as pas encore satisfait à ma question, et ne m’as pas enseigné ce que c’est que la sainteté : tu m’as dit seulement que

  1. Pendant les grandes Panathénées, on construisait en l’honneur de Minerve un vaisseau sacré auquel on attachait un voile qui représentait les actions de la déesse, tracées à l’aiguille par des vierges. On roulait d’abord ce vaisseau jusqu’au temple de Cérès et de là on le montait sur l’Acropolis. Le voile était alors détaché du vaisseau et suspendu à la statue de Minerve, au Parthénon (BARTH. Voyage d’Anach. ch. 24).