Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/527

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rien, tant ils ont peu de consistance. Si tu les interroges, ils tirent aussitôt comme d’un carquois quelques petits mots énigmatiques qu’ils te décochent ; et si tu veux leur en demander raison, tu es sur-le-champ frappé d’un autre mot équivoque ; enfin, tu ne concluras jamais rien avec aucun d’eux. Ils n’avancent pas davantage entre eux ; mais ce qu’ils veulent par-dessus tout, c’est de ne laisser rien de fixe dans leurs discours ni dans leurs pensées : et persuadés, ce semble, que cette fixité de langage et de pensée serait déjà le repos lui-même, ils lui font la guerre, et l’excluent de partout autant qu’ils peuvent.

SOCRATE.

Peut-être, Théodore, as-tu vu ces hommes dans la chaleur de la dispute, et ne t’es-tu pas trouvé avec eux quand ils conversaient en paix ; aussi bien ne sont-ils pas de tes amis : mais ils expliquent, je crois, plus tranquillement leur système à ceux de leurs élèves qu’ils veulent rendre semblables à eux.

THÉODORE.

Quels élèves, mon cher ? Parmi eux aucun n’est disciple d’un autre : chacun se forme de soi-même, du moment que l’enthousiasme s’empare de lui ; et ils se traitent d’ignorans les uns les autres. De gens semblables, je te le répète,