Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/557

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comme on manque la chose que l’on considère, on peut dire avec raison que l’on juge faux.

THÉÉTÈTE.

Cela me paraît très-bien dit : car lorsqu’on juge une chose laide pour une belle, ou une belle pour une laide, c’est alors qu’on juge véritablement faux.

SOCRATE.

On voit bien, Théétète, que tu n’as pas grande estime pour moi et que tu ne me crains guère.

THÉÉTÈTE.

Pourquoi donc ?

SOCRATE.

C’est qu’en vérité tu n’as pas l’air de croire que je relèverai cette expression, véritablement faux, en te demandant s’il est possible que ce qui est vite se fasse lentement, ce qui est léger, pesamment, et tout autre contraire, non selon sa nature, mais selon celle de son contraire, et en opposition avec soi-même. Mais je laisse cette objection, afin que la confiance que tu montres ne soit pas déçue. Est-ce bien ton avis, comme tu le dis, que juger faux soit prendre une chose pour une autre ?

THÉÉTÈTE.

Oui.

SOCRATE.

On peut donc, selon toi, se représenter dans