nons ensuite deux noms, celui de courage et celui de prudence. Je t’en dirai la raison, qui est que le courage s’exerce sur les objets capables de faire peur, ce qui fait qu’il se trouve dans les animaux, et dans l’ame des enfans dès leurs premiers ans : car l’ame peut être courageuse par nature, et sans que la raison s’en mêle : au lieu que là où la raison n’est point, il n’y a jamais eu, il n’y a pas et il n’y aura jamais d’ame douée de prudence et d’intelligence ; cela prouve que la prudence n’est point le courage.
Tu dis vrai.
Je viens de t’expliquer en quoi ces espèces de vertu diffèrent et sont deux : à ton tour explique-moi comment elles ne sont qu’une et même chose. Figure-toi que c’est à toi de me dire comment ces quatre espèces sont un ; et quand tu l’auras montré, demande-moi comment elles sont quatre. Considérons ensuite si, pour avoir une connaissance exacte de quelque chose que ce soit qui a un nom et une définition, il suffit d’en savoir le nom, quoiqu’on en ignore la définition : ou s’il n’est pas honteux pour quiconque a quelque valeur d’ignorer et le nom et la définition des choses, surtout de celles qui sont distinguées par leur excellence et leur beauté.