Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/266

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voix, on l’assujettissait au régime et à l’abstinence des chœurs de chantres qui disputent la victoire ; c’est bien alors qu’il ne chanterait qu’avec un déplaisir, une honte et une répugnance extrême.

[666a] CLINIAS.

La chose n’est pas douteuse.

L’ATHÉNIEN.

Comment ferons-nous donc pour les engager à chanter de bonne grâce ? N’interdirons-nous point d’abord, par une loi, l’usage du vin aux enfants jusqu’à l’âge de dix-huit ans, leur faisant entendre qu’il ne faut point verser un nouveau feu sur le feu qui dévore leur corps et leur âme, avant l’âge du travail et des fatigues, de peur de l’exaltation qui est naturelle à la jeunesse ? Nous leur permettrons ensuite d’en boire modérément jusqu’à [666b] trente ans, avec ordre de s’abstenir de toute débauche et de tout excès. Ce ne sera que lorsqu’ils toucheront à quarante ans, qu’ils pourront se livrer à la joie des banquets, et inviter Bacchus à venir avec les autres dieux prendre part à leurs fêtes et à leurs orgies, apportant avec lui cette divine liqueur dont il a fait présent aux hommes comme un remède pour adoucir l’austérité de la vieillesse, lui rendre la vivacité de ses premiers ans,