Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/478

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quiconque pensera à fonder un État, doit se proposer le même but dans son plan de législation, et non pas l’intérêt d’un ou de plusieurs tyrans ou l’autorité de la multitude, mais toujours la justice, qui, comme nous venons de dire, n’est autre chose que l’égalité établie entre les choses inégales, conformément à leur nature. Il est pourtant nécessaire dans tout État, si on veut se mettre à couvert des séditions, [757e] de faire aussi usage des autres espèces de justice, appelées ainsi abusivement ; car les égards et la condescendance, sont des brèches faites à la parfaite et rigoureuse justice. C’est pourquoi, pour ne point s’exposer à la mauvaise humeur de la multitude, on est obligé de recourir à l’égalité du sort et alors il faut prier les dieux et la bonne fortune de diriger les décisions du sort [758a] vers ce qui est le plus juste. On est ainsi obligé de faire usage de ces deux espèces d’égalités, mais on ne doit se servir que le plus rarement possible de celle qui est soumise au hasard.

Telles sont, mes chers amis, les raisons pour lesquelles tout État qui veut se maintenir, doit suivre ce que nous venons de prescrire. Mais de même qu’un vaisseau en pleine mer exige qu’on veille nuit et jour à sa sûreté, ainsi un État environné d’autres États, comme de vagues