Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/164

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que toutes les guerres contre l'ennemi ; au point que la plupart ont fini par maudire leur élévation. [142b] Encore si tous ces dangers et toutes ces fatigues conduisaient à quelque chose d'utile, il y aurait quelque raison à s'y exposer ; mais c'est tout le contraire. Ce que je dis des honneurs, je le dis aussi des enfans. Combien avons-nous vu de gens qui, après en avoir demandé aux dieux et en avoir obtenu, se sont attiré par là de grands chagrins ! les uns ont passé toute leur vie dans la douleur et l'amertume, pour en avoir eu de méchans ; et les autres, qui en ont eu de bons, [142c] venant à les perdre, ont été aussi malheureux que les premiers, et auraient beaucoup mieux aimé n'avoir jamais été pères. Néanmoins, malgré l'éclat de ces dures leçons, à peine trouverait-on un homme qui refusât ces faux biens si les dieux les lui envoyaient, ou qui cessât de les demander s'il croyait les obtenir par ses prières. La plupart ne refuseraient ni la tyrannie, ni le commandement des armées, ni tous les autres [142d] biens, qui sont réellement beaucoup plus pernicieux qu'utiles ; et ils les solliciteraient, s'ils ne se présentaient pas d'eux-mêmes. Mais attends un moment, bientôt tu les entendras chanter la palinodie, et faire des vœux tout contraires aux premiers. Pour moi, je crains que ce ne soit véritablement à tort