Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/231

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Utiles, assurément, Socrate, me répondit-il.

Et si les habiles sont utiles, les malhabiles sont inutiles ?

Il en tomba d'accord.

Mais les philosophes sont-ils utiles, ou ne le sont-ils pas ?

[136c] Non-seulement utiles, mais les plus utiles des hommes.

Voyons donc si tu dis vrai, repris-je, et comment il se peut faire que soient si utiles des hommes qui ne sont qu'au second rang ; car il est clair que le philosophe est inférieur à chaque artiste en particulier.

Il en convint.

Oh ! voyons un peu, repris-je, dis-moi, si tu étais malade, ou que tu eusses quelque ami qui le fût et dont tu fusses fort en peine, pour rétablir ta santé ou celle de ton ami, appellerais-tu le philosophe, cet habile homme de second ordre, ou ferais-tu venir le médecin ?

[136d] Pour ma part, je les ferais venir tous les deux, me répondit-il.

Ah ! ne me dis pas cela, repris-je, il faut opter : lequel appellerais-tu le plus tôt et de préférence ?

Si tu le prends ainsi, me dit-il, il n'y a personne qui balançât et ne fît venir plus tôt et de préférence le médecin.