Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/233

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qu'on a des maîtres dans chaque art ; et que l'on en a toujours. Ne sommes-nous pas convenus de cela ?

Mais oui, me répondit-il.

Nous sommes donc convenus, à ce qu'il paraît, du moins d'après tes principes, que si philosopher c'est s'occuper de tous les arts, comme tu le dis, le philosophe est un être assez malhabile [137b] et fort inutile, tant que les arts seront cultivés parmi les hommes. Mais en vérité, mon cher, prends garde qu'il n'en soit pas ainsi, et que philosopher ne soit point du tout se mêler de tous les arts, et passer sa vie à tout faire et à tout apprendre ; car, pour cela, c'est une honte, à mon avis, et l'on appelle manœuvres ceux qui s'occupent ainsi des arts. Au reste, pour mieux savoir si je dis vrai, réponds-moi encore, je te prie : Qui sont ceux qui savent bien châtier [137c] les chevaux ? Ne sont-ce pas ceux qui les rendent meilleurs ?

Oui.

Et les chiens, de même ?

Oui.

Ainsi, c'est le même art qui les châtie et les rend meilleurs ?

Oui.

Mais cet art qui les châtie et les rend meilleurs, est-ce le même qui discerne les bons d'avec les mauvais, ou en est-ce un autre ?