Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/315

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ou nuisible, le [164c] médecin ne sait pas toujours lui-même ce qu’il fait ; et cependant, selon toi, s’il agit utilement il agit avec sagesse. N’est-ce pas ce que tu disais ?

Oui.

Donc, à ce qu’il paraît, il agirait, en certains cas, avec sagesse, car il agit utilement, et par là il serait sage, sans toutefois savoir de lui-même qu’il est sage.

Mais pourtant, Socrate, reprit-il, cela ne se peut absolument pas ; si donc tu penses que ce que je disais tout-à-l’heure conduise nécessairement à cette conclusion, j’aime encore [164d] mieux me rétracter en partie, et, sans rougir, avouer que je me suis mal exprimé, plutôt que de convenir jamais qu’un homme puisse être sage s’il ne se connaît pas lui-même. J’aurais même presque envie de dire, que se connaître soi-même, c’est là être sage, et je suis de l’avis de l’inscription du temple de Delphes. Elle est là, ce me semble, comme une allocution du dieu à ceux qui entrent, au lieu du salut ordinaire : Sois heureux ! comme si [164e] cette manière de saluer n’était pas fort bonne, et qu’il valût bien mieux s’exhorter à être sages. C’est aussi de la sorte que le Dieu accueille ceux qui entrent dans son temple, bien autrement que les hommes ne s’accueillent entre eux, adressant à quiconque