Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/316

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le visite, telle fut du moins, je crois, l’idée de l’auteur de l’inscription, ce simple salut : Soyez sages, leur dit-il. À la vérité il s’exprime en termes un peu énigmatiques, en sa qualité de devin. Nous pensons donc, l’inscription et moi, que connais-toi toi-même, et sois sage, [165a] c’est la même chose. Mais il serait facile de s’y tromper, et c’est ce qu’ont fait, à mon avis, ceux qui ont gravé sur le temple ces autres inscriptions : Rien de trop ; ou, Donne-toi pour caution et tu n’es pas loin de ta ruine. Ils ont cru que connais-toi toi-même était un conseil et non pas un salut du dieu à tous venans, et voulant à leur tour donner des conseils non moins salutaires, ils ont tracé ces préceptes sur les murs du temple. Maintenant, Socrate, voici où j’en veux venir. Je t’accorde [165b] tout jusqu’ici. Peut-être avais-tu raison en bien des choses, peut-être moi aussi ; enfin il est certain que nous n’avons rien dit de bien net jusqu’à présent. Mais pour cette fois, je consens à te tenir tête, si tu ne veux pas admettre qu’être sage, c’est se connaître soi-même.

À cela, je lui répondis : Critias, tu agis avec moi, comme si je prétendais savoir ce que je cherche à apprendre, et comme s’il ne tenait qu’à moi de pouvoir être de ton avis. Mais il n’en est pas ainsi, et il faut que je cherche avec