Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/502

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

occupons-nous maintenant de l’âme en elle-même. Pour faire comprendre ce qu’elle est, il faudrait une science divine et des dissertations sans fin ; mais pour en donner une idée par comparaison, la science humaine suffit, et il n’est pas besoin de tant de paroles. C’est donc ainsi que nous procéderons. Comparons l’âme aux forces réunies d’un attelage ailé et d’un cocher. Les coursiers et les cochers des dieux sont tous excellents et d’une excellente origine ; [246b] mais les autres sont bien mélangés. Chez nous autres hommes, par exemple, le cocher dirige l’attelage, mais des coursiers l’un est beau et bon et d’une origine excellente, l’autre est d’une origine différente et bien différent : d’où il suit que chez nous l’attelage est pénible et difficile à guider.

C’est ici qu’il faut tâcher d’expliquer d’où vient entre les êtres vivants la distinction de mortels et d’immortels. L’âme en général prend soin de la nature inanimée, et fait le tour de l’univers sous diverses formes. [246c] Tant qu’elle est parfaite et conserve ses ailes dans toute leur force, elle plane dans l’éthérée, et gouverne le monde entier ; mais quand ses ailes tombent, elle est emportée ça et là, jusqu’à ce qu’elle s’attache à quelque chose de solide, où elle fait dès lors sa demeure. L’âme s’étant ainsi appro-