Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/503

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prié un corps terrestre, et ce corps paraissant se mouvoir lui-même à cause de la force qu’elle lui communique, on appelle être vivant cet assemblage d’un corps et d’une âme, et on y ajoute le nom de mortel. Quant à celui d’immortel, il n’est point le résultat d’une démonstration, nous le composons sur de simples conjectures ; et sans avoir jamais vu Dieu et sans le comprendre suffisamment, [246d] nous disons que c’est un être vivant immortel dont le corps et l’âme sont de leur nature éternellement unis. Mais qu’il en soit ce qu’il plaira à Dieu, et qu’on se serve de tels noms que l’on voudra ; revenons à la cause qui fait que les âmes perdent leurs ailes. La voici, je crois :

La vertu des ailes est de porter ce qui est pesant vers les régions supérieures habitées par les dieux, et elles participent plus que toutes les choses corporelles à ce qui est divin. Or, ce qui est divin [246e] c’est le beau, le vrai, le bien, et tout ce qui leur ressemble. Voilà ce qui nourrit et fortifie principalement les ailes de l’âme ; au contraire tout ce qui est laid et mauvais les gâte et les détruit. Or, le chef suprême, Jupiter, s’avance le premier, conduisant son char ailé, ordonnant et gouvernant toutes choses. Après lui vient l’armée des dieux et des démons divisée en onze