Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/509

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qu’une âme humaine peut passer dans le sein d’une bête sauvage, et, sortie du corps farouche qu’elle animait, redevenir homme, si déjà elle l’avait été auparavant ; car celle qui n’aurait jamais contemplé la vérité, ne pourrait en aucun temps revêtir la forme humaine. En effet, le propre de l’homme est de comprendre le général, c’est-à-dire ce qui dans la diversité des sensations [249c] peut être compris sous une unité rationnelle. Or, c’est là le ressouvenir de ce que notre âme a vu dans son voyage à la suite de Dieu, lorsque, dédaignant ce que nous appelons improprement des êtres, elle élevait ses regards vers le seul être véritable. Aussi est-il juste que la pensée du philosophe ait seule des ailes ; car sa mémoire est toujours, autant que possible, avec les choses qui font de Dieu un véritable Dieu en tant qu’il est avec elles. L’homme qui fait un bon usage de ces précieux ressouvenirs, participe perpétuellement aux vrais et parfaits mystères, et devient seul véritablement parfait. Détaché des soins [249d] et des inquiétudes des hommes, uniquement attaché aux choses divines, la multitude l’invite à être plus sage ou le traite d’insensé ; elle ne voit pas qu’il est inspiré.

C’est ici qu’en voulait venir tout ce discours sur la quatrième espèce de délire. L’homme,