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DÉMODOCUS.





DÉMODOCUS.


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Tu me pries, Demodocus, de te donner, ainsi qu’à tes amis, un conseil sur l'objet de la délibération pour laquelle vous vous êtes réunis ; mais je crois qu’il est d’abord à propos d’examiner à quoi peuvent être bons, et cette réunion et ces conseils empressés, et ces suffrages que chacun de nous se dispose à donner. Car, en premier lieu, s’il n’est ni bon ni utile de délibérer sur l’objet qui doit vous occuper, comment ne serait-il pas ridicule de vous être assemblés pour une chose à laquelle la délibération ne convient pas ? D’un autre côté, s’il est bon et utile d’en délibérer, ne serait-il pas absurde de prétendre qu’il n’y a aucune science qui puisse nous en faire bien délibérer ? Et si cette science existe, n’est-il pas de toute nécessité qu’il y ait des gens qui la possèdent, et qui soient capables de bien diriger la délibération ? Or, s’il y a des gens qui sachent vous bien conseiller, vous-mêmes, ou vous le savez ou vous ne le savez pas : ou bien encore tels d’entre vous le savent, tandis que les autres I’ignorent. Si vous le savez tous, pourquoi vous êtes-vous réunis et voulez-vous délibérer, puisque chacun de vous peut donner le bon avis ? Et à quoi vous servira-t-il de délibérer si personne d’entre vous ne peut donner un conseil utile ? Enfin si, parmi vous, les uns savent ce qui convient, tandis que les autres l’ignorent et ont besoin de conseil, si, d’un autre côté, un homme sage peut donner des conseils à des gens sans expérience, il serait en état à lui tout seul de vous conseiller, si vous ne savez pas ; et quand