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TIMÉE DE LOCRES.

l’âme a été composée. Il ne fit pas l’âme après l’essence corporelle, comme nous semblerions le dire ici ; car ce qui vaut le plus doit être le premier en puissance et en ancienneté. Dieu donc fit l’âme la première, en prenant d’abord, dans le mélange dont il l’a formée, une partie égale à trois cent quatre-vingt-quatre unités. Ce premier nombre donné, il est facile de construire la progression dont la raison est deux, et celle dont la raison est trois. Toutes ces quantités disposées suivant les intervalles musicaux et formant des octaves sont au nombre de trente-six, et donnent une somme totale de cent quatorze mille six cent quatre-vingt-quinze ; et les divisions de l’âme sont elles-mêmes au nombre de cent quatorze mille six cent quatre-vingt-quinze. C’est ainsi que Dieu a composé l’âme de l’univers. Le Dieu éternel, chef et père de tout ce qui existe, ne peut être connu que par l’intelligence ; pour le Dieu engendré, nous le voyons de nos yeux, c’est le monde et toutes les parties célestes du monde qui ont pour élément l’éther[1], et dont les unes appartiennent à l’essence du

  1. Platon et Aristote admettaient cinq éléments, deux éléments opposés, la terre et le feu, deux intermédiaires ; l’eau et l’air, et une cinquième essence, l’éther (ἀεὶ θέω), plus mobile que le feu dont le ciel était formé, et dont Aristote fait aussi dériver la chaleur vitale des plantes et des animaux.