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iv
PHÈDRE

Enfin nombre de passages du Phèdre ne prennent, je crois, tout leur sens que si on les rapproche du Banquet[1].

Mais une deuxième question se pose aussitôt : le Phèdre est-il immédiatement consécutif au Banquet ? C’est ce que suppose le plan de cette édition de l’œuvre de Platon (vol. I, p. 13), en mettant le Phèdre entre le Banquet et la République. Mais on a eu soin d’ajouter que la chronologie sur laquelle se fonde ce plan est conjecturale : sur une question aussi controversée que celle de la place du Phèdre la sagesse était donc de prendre un parti moyen et, d’autre part, de ne pas le séparer d’un dialogue dont le sujet est voisin. Il n’en reste pas moins que l’antériorité du Phèdre par rapport à la République n’est nullement hors de question. Mon sentiment personnel est qu’au contraire il lui est postérieur. D’abord il est psychologiquement peu vraisemblable que, aussitôt après le Banquet, Platon ait senti le besoin d’en élargir la doctrine pour tracer une image, inégalement poussée sans doute, de la culture philosophique dans son ensemble et pour l’opposer à la culture rhétorique : un temps de méditation semble nécessaire. Cet intervalle assurément pourrait avoir été vide de tout écrit. Si en revanche il existe un ouvrage sans lequel le Phèdre serait souvent inintelligible, c’est dans l’intervalle qu’il faudra placer celui-là. Or, c’est ce que je voudrais maintenant établir, la République satisfait justement à cette condition et, par conséquent, le livre I étant supposé déjà écrit depuis longtemps, la composition de ce grand dialogue, en un seul ou en plusieurs moments, me paraît avoir assez abondamment rempli cet intervalle pour donner à l’élargissement dont je parlais le temps de se préparer. Ceci se vérifiera peu à peu par la suite. Dès à présent je dirai que le mythe de l’attelage ailé serait difficilement intelligible si la tripartition de l’âme, au livre IV de la République, ne permettait de l’interpréter ; admet-on que le mythe a précédé

    Hermias (323, 17 sq.), mais c’est celle que développe Plutarque Quaest. platon. II 1, 1000 f sq. — Voir en outre, à propos de 228 b la n. 1 de la p. 3.

  1. Voir p. 11, n. 1 fin ; p. 18, n. 3 ; p. 19, n. 1 ; p. 22, n. 1 ; p. 23, n. 2 ; p. 25, n. 1 ; p. 28, n. 3 ; p. 46, n. 3 ; p. 47, n. 1 ; p. 52, n. 1, 2 et 4 ; p. 53, n. 1 fin ; p. 68, n. 1 ; p. 96, n. 1. Cf. aussi Notice p. lxix sq., les notes de p. lxxii, p. civ n. 2, cxxix etc.