Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome IV, 3 (éd. Robin).djvu/65

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NOTICE

borne à dessiner les grandes lignes de la troisième et de la quatrième parties, de la même façon que le mythe des Cigales avait lui-même pour fonction de nous rappeler quel est le terrain effectif de la recherche (cf. p. xxxvi sq.). — Deux points y doivent pourtant retenir l’attention. L’un (278 b) est que tout cet examen de la rhétorique a été une occasion de se divertir. Qu’est-ce à dire ? Même la détermination d’une rhétorique philosophique ? Oui, même cela ; et Platon l’indique très clairement ensuite (cd) : il n’y a qu’une chose vraiment sérieuse, ce sont les objets mêmes que cette rhétorique-là prend pour matière de son action, le Bien, le Beau, le Juste (cf. 277 e déb. et 278 a) ; indépendamment de l’usage qu’elle en fait, la dialectique et le savoir ont leur valeur propre, parce que ces « augustes objets » ont eux-mêmes une réalité indépendante. Ajouterons-nous que l’aspiration qui nous porte éternellement vers eux, c’est justement l’amour totalement épuré ? Ainsi donc ce qui était un jeu, ce n’était pas de parler de l’amour, c’était d’en parler à propos de la rhétorique ; car c’est proprement de prendre celle-ci pour objet qui est le vrai jeu : fût-il voilé, le fond du tableau a plus d’importance que le cadre auquel est attaché le voile. — Le second point (278 cd) est connexe de celui-ci. Si la dénomination de « philosophe » est la seule qui convienne à l’homme qui, de toute son âme, s’attache à ces objets supérieurs, c’est qu’il est en effet tout entier possédé par le divin délire d’amour sous sa forme la plus haute, celle qui seule, selon la Diotime du Banquet (210 a-d, 211 c), est d’ici-bas capable de nous porter là-haut. — Ainsi, jusque dans cette récapitulation, deux lueurs viennent brusquement illuminer les dessous profonds du dialogue, tout en nous en rappelant le visible objet. C’est à ce moment en outre que Platon prend soin de fermer le cadre à l’intérieur duquel il a indiqué ces perspectives. Il avait en parlant de Lysias commencé de le constituer, il l’achève maintenant en parlant d’Isocrate.

L’éloge d’Isocrate.

Ces deux protagonistes de la rhétorique au ive siècle sont les deux termes extrêmes entre lesquels s’est développé tout l’entretien. Quant aux louanges données à Isocrate (278 e-279 b), doit-on les opposer aux critiques par lesquelles Lysias a été si durement malmené ? ou bien sont-elles une dérision ? C’est un problème très discuté.