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NOTICE

et aux syllabes le nom approprié naturellement à chaque objet ;

7. Peu importe que les législateurs n’opèrent pas sur les mêmes syllabes, pourvu qu’ils leur imposent la forme de nom (τὸ τοῦ ὀνόματος εἶδος, 390 a ; cf. ἰδέαν, 389 e) requise par l’objet ;

8. L’homme capable de juger l’ouvrage du législateur (le nom) est celui qui s’en servira, c’est-à-dire l’homme qui sait interroger et répondre (τὸν ἐρωτᾶν καὶ ἀποκρίνεσθαι ἐπιστάμενον), en d’autres termes le dialecticien (διαλεκτικόν, 390 c). C’est lui qui devra diriger (ἐπιστάτην, 390 d) le travail du législateur.

Résumé et conclusion. Fixer les noms n’est pas l’œuvre du premier venu, comme le croyait Hermogène ; et Cratyle a raison : les noms appartiennent naturellement (φύσει) aux choses, et il n’est donné d’être un artisan de noms (δημιουργὸς ὀνομάτων) qu’à celui-là qui, le regard attaché sur le nom naturel de l’objet, sait en imposer la forme aux lettres et aux syllabes (390 de).

II (391 b-396 c). Il faut maintenant rechercher en quoi consiste cette justesse naturelle du nom, c’est-à-dire comment se réalise cette destination idéale. Pour le savoir, Socrate propose de s’adresser aux sophistes. Mais Hermogène lui ayant fait observer que la démarche serait illogique, puisqu’on a réfuté précédemment la thèse de Protagoras, il décide de consulter Homère et les poètes. En se fondant sur les noms d’Astyanax et d’Hector, Socrate tire d’Homère les lois que voici :

1. Il est juste de donner au fils le nom du père, quand la génération se fait suivant l’ordre naturel (393 c) ;

2. Peu importe alors que le même sens s’exprime par telles ou telles syllabes : des lettres peuvent être ajoutées, ou retranchées, ou déplacées ; elles peuvent être entièrement différentes ; il suffit que l’essence de l’objet se manifeste dans le nom (393 d-394 c) ;

3. Les êtres dont la génération s’est faite contre nature (τοῖς παρὰ φύσιν, 394 d) doivent être désignés non par le nom de leur père, mais par celui du genre (γένος) auquel ils appartiennent. Explication des noms d’Oreste, Agamemnon, Atrée, Pélops, Tantale, Zeus, Kronos, Ouranos (394 d-396 d).

III (396 d-421 c). Mais les noms donnés aux héros et aux hommes risquent d’induire en erreur. Beaucoup d’entre eux