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LETTRE VII

mais une commune éducation libérale : à elle seule doit se fier l’homme sensé, bien plus qu’à des affinités d’âme et de corps. Aussi n’est-il point juste que notre ville souffre l’opprobre du fait des meurtriers c de Dion, comme si jamais ils avaient été des hommes qui comptent.


Conseils aux parents et amis de Dion.

Tout cela, je l’ai dit pour servir d’avertissement aux amis et parents de Dion. Je renouvelle en outre pour la troisième fois le même avis pour vous les troisièmes[1]. Que la Sicile ne soit pas assujettie à des despotes, pas plus que toute autre ville, — c’est du moins mon avis, — mais aux lois. Car cela n’est bon ni pour ceux qui asservissent ni pour ceux qui sont asservis, d ni pour eux ni pour leurs enfants ni pour les enfants de leurs enfants. C’est même une entreprise absolument néfaste. Il n’y a que des caractères petits et serviles pour aimer à se jeter sur de pareils gains, que des gens ignorant tout ce qui est juste et bon dans les choses divines et humaines pour l’avenir et pour les circonstances présentes. De cela j’ai entrepris de convaincre d’abord Dion, en second lieu Denys, et maintenant vous les troisièmes. Écoutez-moi, pour l’amour de Zeus troisième Sauveur[2]. Ensuite regardez Denys et Dion : le premier ne m’a pas cru, et il vit encore, mais misérablement ; e le second qui a suivi mes conseils est mort, mais avec honneur, car à qui aspire au souverain bien pour lui-même et pour la cité, quoi qu’il ait à souffrir, il ne peut rien arriver que de juste et de beau. Nul d’entre nous n’est naturellement immortel et celui qui viendrait à l’être ne trouverait pas le bonheur, comme se l’imaginent tant de gens. Il n’y a, en effet, ni vrai bien ni vrai mal pour ce qui n’a point d’âme, 335 mais seulement pour l’âme, unie au corps ou séparée. Il faut croire vraiment à ces

    des petites et des grandes Éleusinies qui avaient lieu chaque année à Athènes au printemps et à l’automne. Après les petits mystères, l’initié est μύστης ; il est voyant (ἐπόπτης) après les grands mystères.

  1. Cf. 334 d.
  2. Voir plus bas 340 a. Cette formule fait allusion aux coutumes des banquets, où l’on offrait la troisième et dernière coupe au dieu sauveur. Platon la répète plusieurs fois dans les Dialogues. Ainsi : Charmide, 167 b (cf. la scholie à ce passage) ; République IX, 583 b ; Philèbe, 66 d. Voir Eschyle, Euménides, 759. Suppliantes, 27. — Pindare, Isthmiques, 6, 11.