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ÉRYXIAS

II

LES SOURCES D’ÉRYXIAS

Les thèmes du dialogue ont été empruntés à plusieurs sources, mais une des principales est la source platonicienne. Omettons certaines ressemblances de détail plus ou moins évidentes, quelques images qui ont peut-être leur origine dans tel ou tel écrit de Platon, celle, par exemple, du jeu de trictrac (Éryxias, 395 b), que l’on retrouve également au VIe livre de la République (487 c). Les similitudes d’idées sont beaucoup plus frappantes.

La thèse centrale du dialogue, ainsi que plusieurs développements, nous paraissent avoir été fournis par l’Euthydème. Nous faisons surtout allusion au passage où Socrate, s’interposant entre les deux sophistes et leurs naïves victimes, oppose la discussion type aux misérables arguties de l’éristique (279 d-282 e). La forme de l’argumentation, les formules, la progression même de la pensée, apparentent les deux écrits, mais la logique est plus ferme, le raisonnement plus nerveux dans l’œuvre platonicienne. Ici comme là, on définit la σοφία la science du bonheur, celle qui fait réussir et empêche de se tromper (Euthydème, 280 a et Éryxias, 393 e, 394 a). L’εὐδαιμονεῖν équivaut de part et d’autre à εὖ πράττειν (Euthyd., 280 b, Éryxias, 393 e).

Un des motifs principaux de ce passage d’Euthydème est que pour être heureux, il faut non seulement posséder des biens, mais s’en servir, sans quoi la possession ne serait d’aucune utilité, qu’il faut, de plus, s’en servir correctement (280 c d-e). Or, c’est la science qui nous apprend à nous servir correctement des choses. Il n’y a donc pas de véritable utilité là où ne se trouve ni φρόνησις ni σοφία (281 a-b). Ce sont là thèmes courants sur lesquels l’auteur d’Éryxias revient à diverses reprises (397 e, 403 a-b-c). Sans la σοφία, continue l’Euthydème, il est préférable d’user parcimonieusement des biens extérieurs (richesses, honneurs…), car de tels objets deviendraient alors des maux. Ils n’ont le caractère de biens que si