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NOTICE

en effet, d’après le catalogue que nous a conservé Diogène-Laërce, le rangeait parmi les dialogues unanimement rejetés[1]. Cependant quelques années plus tard, Clément d’Alexandrie, qui cite un passage, attribue l’œuvre à Platon, et, au ve siècle, Stobée transcrit dans son Anthologie presque la moitié du dialogue, sous le nom de Platon. Nul pourtant aujourd’hui ne soutient cette thèse. Il est inutile de la discuter et si l’autorité de Thrasylle ne suffit pas, une lecture, même superficielle, convaincra le lecteur. Les différences sont trop considérables entre les écrits platoniciens et cette médiocre dissertation de rhéteur : différences dans la langue : « Il n’est pas une page, affirme M. Couvreur, où le lecteur ne soit dix fois choqué par quelqu’un de ces mots barbares, par quelque tournure qui frise l’incorrection »[2] ; différences dans la composition, souvent gauche et embar­rassée, dans la doctrine même qui, en bien des points, se distingue de celle de Platon et se fait l’écho de théories plus récentes[3]. Mais il n’est pas besoin d’insister.

Les anciens mentionnaient un Axiochos parmi les œuvres d’Eschine[4]. Aussi quelques critiques ont prétendu restituer à ce dernier notre dialogue. Citons principalement Buresch qui s’est fait, il y a plus de trente ans, le défenseur de cette thèse. Mais les arguments apportés sont si fragiles et les objections qu’on oppose tellement fortes, que nul aujourd’hui ne songe à maintenir cette attribution. Le dialogue pseudo-platonicien ne répond en aucune manière à ce que les anciens nous apprennent des écrits d’Eschine[5] ; de plus, certains développements, des expressions, une phrase entière que la tradition nous rapporte comme appartenant à l’Axiochos du socratique,

  1. Diog. L. III, 57.
  2. P. Couvreur, Revue Critique XLI, p. 76.
  3. Cf. J. Chevalier, Étude Critique du dialogue pseudo-platonicien l’Axiochos sur la Mort et sur l’immortalité de l’âme, Paris, Alcan, 1915, p. 15-24.
  4. Diog. L. II, 61.
  5. « Les anciens, écrit M. Chevalier, op. cit., p. 25, tenaient les dialogues d’Eschine pour les plus parfaits modèles de la prose attique : ils en vantent l’esprit, l’ironie légère et l’élégante simplicité du style, toutes qualités visibles dans les fragments qui nous en sont parvenus, mais totalement absentes de l’Axiochos ». — Cf. Diog. L. II, 60, 61.