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NOTICE

lièrement sur les misères de l’enfance (366 d, e), n’est que la reproduction, parfois textuelle, d’un développement de Cratès, rapporté par Télès[1] ; le tableau de la déchéance causée par la vieillesse (367 b), rappelle étonnamment une description analogue de Bion de Borysthène[2]. Du reste, affirme Diels, le contenu de ces deux ou trois pages du dialogue est d’inspiration bionique, à tel point qu’on peut se demander si le texte où l’auteur se réfère à Bias, ne serait pas une correction malheureuse, et s’il ne faudrait pas lire plutôt Βίων[3]. Quoi qu’il en soit de la conjecture, on voit quelle a pu être l’influence des moralistes cyniques sur notre dialogiste.

Ces différents indices nous interdisent donc d’assigner à l’Axiochos une date plus ancienne que la fin du iiie siècle.


4. — Faut-il encore reculer cette date ? Certains critiques le pensent, et l’un des plus récents, M. Chevalier, croit que le dialogue « se rattache au mouvement d’idées représenté par le néo-pythagorisme, et ne paraît pas être antérieur au début du ier siècle avant J.-Ch.[4] ».

Les raisons que l’on apporte à l’appui de cette thèse méritent, en effet, l’attention.

Le style « est émaillé de termes, d’expressions et de tournures appartenant à la période alexandrine tardive ou à la mode romaine[5] ».

De plus, l’éclectisme de cet écrit paraît être un reflet de cette époque syncrétiste où les diverses écoles essaient de concilier des doctrines disparates. Des rapprochements s’établissent alors principalement entre le platonisme et le stoïcisme, rapprochements tentés chez les stoïciens par Panaetius et Posidonius, à l’Académie par Antiochus[6].

  1. Hense, Teletes reliquiae, 38, 4.
  2. Hense, p. 10, 14.
  3. Die Fragm. der Vorsok.4 II, p. 276, note 6.
  4. Op. cit., p. 115.
  5. Chevalier, op. cit., p. 107.
  6. Sur Posidonius, voir F. Cumont, After Life in Roman paganism, New Haven, 1922, p. 27-31. — É. Bréhier, Hist. de la Philos., t. 1, fasc. 11, Paris, Alcan, 1927, p. 394 et suiv., p. 41 et suiv. — Pour ce qui concerne la renaissance du pythagorisme au ier siècle avant J.-Ch. et l’importance de ce mouvement, on lira avec profit le beau