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AXIOCHOS

Les arguments préférés du pseudo-Platon, ceux qui convertissent Axiochos à la résignation et même au désir de la mort, étaient fort populaires chez les auteurs de l’époque romaine. Les λόγοι περὶ τῆς ἀθανασίας qui démontrent l’existence d’un principe divin dans l’homme (θεῖον… πνεῦμα, 370 c) par les progrès scientifiques et artistiques, par le pouvoir de scruter les mystères du ciel, étaient lieux-communs aux environs du ier siècle. Brinkmann cite de nombreux écrivains de cette période, qui tous ont abondamment usé de ce thème[1]. On pourra comparer surtout avec l’Axiochos un passage de Philon où se retrouvent jusqu’aux termes du dialogue[2]. Il est également assez notable que Cicéron, qui a largement utilisé ces sortes de λόγοι, en attribue la paternité aux pythagoriciens : « Audiebam Pythagoram, Pythagoreosque, incolas paene nostros, qui essent Italici philosophi quondam nominati, numquam dubitasse quin ex uniuersa mente diuina delibatos animos haberemus. Demonstrabantur mihi praeterea, quae Socrates supremo uitae die de immortalitate animorum disseruisset, is, qui esset omnium sapientissimus oraculo Apollinis iudicatus. Quid multa ? sic mihi persuasi, sic sentio, cum tanta celeritas animorum sit, tanta memoria praeteritorum, futurorumque prudentia, tot artes, tantae scientiae, tot inuenta, non posse eam naturam, quae res eas contineat, esse mortalem…[3]. »

Enfin, le mythe qui termine le dialogue et qui est soi-disant emprunté au mage Gobrias, est, lui aussi, d’inspiration pythagoricienne. Socrate raconte, d’après le mage, les pérégrinations de l’âme après la mort, son jugement par Minos et Rhadamanthe, le sort heureux ou malheureux qui l’attend, suivant qu’elle a été juste ici-bas et initiée aux mystères, ou qu’elle a vécu dans

    livre de M. J. Carcopino, La Basilique pythagoricienne de la Porte Majeure, Paris, 1926.

  1. Op. cit., p. 449. — Cicéron, Tuscul. I, 12 et suiv. ; De Senectute, 21, 78 ; de Nat. deorum, II, 6, 18 ; Quintilien I, 1, 1 ; Eusèbe, Praep. euang. XI, 28 et suiv. — Voir le même argument chez Posidonius d’après Cumont, l. c.
  2. Philon, Quod det. potiori insid., Cohn, I, 278, 87 et suiv. Cf. Axiochos, 370 b, c.
  3. De Senectute, 21, 78.