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Page:Platon - Apologie de Socrate ; Criton ; Phédon (trad. Chambry), 1992.djvu/132

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— La Grèce est vaste, Cébès, répliqua-t-il, et il s’y trouve des hommes excellents ; nombreuses aussi sont les races des barbares. Il faut fouiller tous ces pays pour chercher cet enchanteur, sans épargner votre argent ni vos peines ; car il n’est rien pour quoi vous puissiez dépenser votre argent plus à propos. Mais il faut aussi le chercher vous-mêmes les uns chez les autres ; car il se peut que vous ne trouviez pas non plus facilement des gens plus capables que vous de pratiquer ces enchantements.

— C’est ce que nous ferons, dit Cébès. Mais revenons, s’il te plaît, au point d’où nous sommes partis.

— Oui, cela me plaît ; comment cela ne me plairait-il pas ?

— À merveille, dit-il.

XXV. — Il faut, reprit Socrate, nous poser à nous-mêmes une question comme celle-ci : À quelle sorte de choses appartient-il de souffrir cet accident qu’est la dispersion, et pour quelle sorte, de choses avons-nous à le craindre, pour quelle sorte, non ? Après cela, nous aurons encore à examiner à laquelle de ces deux sortes appartient l’âme et, d’après cela, à conclure ce que nous avons à espérer ou à craindre pour notre âme à nous.

— Cela est vrai, dit-il.

— Or, n’est-ce pas à ce qui a été composé et à ce que la nature compose qu’il appartient de se résoudre de la même manière qu’il a été composé, et s’il y a quelque chose qui ne soit pas composé, n’est-ce pas à cela seul plus qu’à toute autre chose qu’il appartient d’échapper à cet accident ?

— Il me semble qu’il en est ainsi, dit Cébès.

— Dès lors il est très vraisemblable que les choses qui sont toujours les mêmes et dans le même état ne sont pas les choses composées, et que les choses qui sont tantôt d’une façon, tantôt d’une autre, et qui ne sont jamais les mêmes, celles-là sont les choses composées ?

— Je le crois pour ma part.

— Venons maintenant, reprit Socrate, aux choses dont nous parlions précédemment. L’essence elle-même, que dans nos demandes et nos réponses nous définissons par l’être véritable, est-elle toujours la même et de la même façon, ou tantôt d’une façon, tantôt de l’autre ? L’égal en soi, le beau en soi, chaque chose en soi, autrement dit l’être réel, admet-il jamais un changement, quel qu’il soit, ou chacune de ces réalités, étant uniforme et existant