Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/272

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15b plusieurs constructions sans valeur, alors ce serait folie, n’est‑ce pas, d’entreprendre des ouvrages publics et de nous y exhorter l’un l’autre ? Avouons‑nous que cela soit bien dit, ou non ?

CALLICLÈS

Oui.

SOCRATE

LXX. — Il en est de même en tout. Si, par exemple, ayant dessein d’être médecins de l’État, nous nous y exhortions l’un l’autre comme étant qualifiés pour cela, nous nous serions, je présume, examinés au préalable réci­proquement, toi et moi : « Voyons, au nom des dieux, comment Socrate se porte‑t‑il lui-même ? A‑t‑il déjà guéri quelqu’un, esclave ou homme libre ? » De mon côté, j’imagine que je ferais les mêmes questions à ton sujet ; et, si nous trouvions que nous n’avons amélioré la santé de personne, étranger ou Athénien, homme ou femme, au nom de Zeus, Calliclès, ne serait‑ce pas une véritable dérision qu’un homme en vienne à cet excès d’extrava­gance, qu’avant d’avoir fait beaucoup d’expériences quel­conques dans l’exercice privé de la médecine, d’avoir obtenu de nombreux succès et de s’être exercé convena­blement dans cet art, il veuille, comme dit le proverbe, faire son apprentissage de potier sur une jarre 43 et se mette dans la tête d’être médecin public et d’y exhorter ses pareils ? Ne te semble‑t‑il pas qu’il y a de la folie à se conduire de la sorte ?

CALLICLÈS

Si.

SOCRATE

Maintenant donc, ô le meilleur des hommes, que toi­-même tu viens de débuter dans la carrière politique, que tu m’y appelles et que tu me reproches de n’y pas prendre part, n’est‑ce pas le moment de nous examiner l’un l’autre et de dire : « Voyons, Calliclès a‑t‑il déjà rendu meilleur quelque citoyen ? En est‑il un qui, étant auparavant méchant, injuste, dissolu, insensé, soit devenu honnête homme grâce à Calliclès, étranger ou citoyen, esclave ou homme libre ? » Dis‑moi, si on te questionnait là‑dessus, que répondrais‑tu ? Qui citerais‑tu que ton commerce ait rendu meilleur ? Pourquoi hésites‑tu à répondre, s’il est vrai qu’il y ait une œuvre de toi, que tu aies faite dans la vie privée, avant d’aborder les affaires publiques ?

CALLICLÈS

Tu veux toujours avoir le dessus, Socrate.

SOCRATE

LXXI. — Ce n’est pas pour avoir le dessus que je 5