n perspective, je n’y comprends plus rien du tout. Tant que j’en étais loin, je croyais y voir quelque chose.
Comment et pourquoi ?
Je vais te l’expliquer, si j’en suis capable. Ayant sur toi une opinion droite, si j’y ajoute la définition de ta personne, alors je te connais ; sinon, je n’ai qu’une simple opinion.
Oui.
Or cette définition, c’est, nous l’avons vu, l’explication de ta différence.
En effet.
Lors donc que je n’avais de toi qu’une opinion, n’est-il pas vrai que je ne saisissais par la pensée aucun des traits qui te distinguent des autres ?
Vraisemblablement.
Ainsi je n’avais dans ma pensée que quelques-uns de ces traits communs qui ne sont pas plus à toi qu’à tout autre.
Nécessairement.
Dis-moi, au nom de Zeus, comment pouvais-je, en ce cas, avoir une opinion sur toi plutôt que sur tout autre ? Suppose en effet que je me dise en moi-même : « Celui-là est Théétète qui est un homme, avec un nez, des yeux, une bouche et tous les autres membres », en quoi cette pensée me fera-t-elle concevoir Théétète plutôt que Théodore, ou, comme on dit, le dernier des Mysiens[1] ?
En rien en effet.
Mais si je ne me représente pas seulement un homme qui a un nez et des yeux, si je me le représente en outre avec un nez camard et des yeux à fleur de t
- ↑ Expression proverbiale qui, d’après le scoliaste, marque le mépris.