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du nom d’un brigand fameux tué par Thésée, et dont les os furent changés en rocher.

v. 1064. Gnatus insurgens minax. Cet acte d’intrépidité, imaginé par Sénèque, rend Hippolyte plus intéressant. Dans Euripide, il tombe d’abord, et ne peut se défendre. Racine, par un trait qu’il ajoute, augmente la vraisemblance et la vivacité du récit. Mais il a tort d’appliquer à tous ceux qui voient le monstre, et peut-être même à ceux qui composent la suite du prince, ce que Sénèque dit seulement d’un pâtre, qu’il fuit épouvanté. Voyez v. 1051.

v. 1152. Nil debes patruo. Hippolyte, descendu dans l’empire de l’oncle avare de Minerve, de Pluton, remplit le vide qu’y avait fait le départ de Thésée. C’est, suivant l’expression presque littérale du texte, une sorte de compensation, et une balance de compte.

v. 1165. Natus et genitor. Thésée, à son retour de Crète, ayant négligé de faire changer les voiles de son vaisseau, fut cause, par cet oubli, de la mort d’Égée, son père. Aujourd’hui, à peine revenu dans ses États, il vient de faire périr son fils.

v. 1167. Amore semper conjugum… désigne Phèdre elle-même, et l’Amazone Antiope tuée par Thésée, dans un moment de colère, odio. Aujourd’hui, c’est à cause de l’amour, amore, de Phèdre pour Hippolyte, qu’il s’est rendu coupable de la mort de celui-ci. Il faut convenir que le sens de ce vers est bien recherché.

v. 1169. Membra quis sœvus. Pour rendre plus sensibles les reproches qu’elle adresse à Thésée, Phèdre cite précisément les brigands et un des monstres qu’il avait tués.


ŒDIPE.

Le sujet de l’Œdipe de Sénèque est tiré de l’Œdipe roi, le chef-d’œuvre de Sophocle et du théâtre grec.

v. 1. Les commentateurs et les traducteurs ne sont pas d’accord sur la disposition de cette première scène. Quelques-uns pensent que Jocaste ne paraît pas en même temps qu’Œdipe. Mais rien n’indiquant l’instant précis où Jocaste surviendrait, nous avons conservé la disposition ordinaire, admettant qu’Œdipe et Jocaste arrivent ensemble sur la scène.

v. 12. Parentis sceptra Polybi. Œdipe se croit fils de Polybe, roi de Corinthe, par qui il a été élevé dès sa naissance. Voyez cette même tragédie, acte IV.

v. 37. Cette description de la peste de Thèbes rappelle les descriptions du même fléau, faites par différents auteurs. Nous citerons seulement Sophocle, Œdipe roi ; Thucydide, liv. II ; Lucrèce, liv. VI ; Virgile, Géorg., liv. III.

v. 92. Nec sphinga. Le sphinx, « ce monstre à voix humaine, aigle, femme et lion, » avait dévoré tous ceux qui, avant Œdipe, avaient essayé inutilement d’expliquer ses énigmes.

v. 110. Occidis Cadmi Voyez, au sujet de Cadmus, Herc. fur., v. 914 et 259.

v. 113 Ille Bacche…. milles. Les Thébains rappellent ici l’expédition de Bacchus dans les Indes. Suivant la fable, il se rendit en Orient pour propager la vigne, et y étendre son culte.

v. 117. Cinnami silvis. L’Arabie Heureuse, l’une des trois parties de la presqu’île arabique, produisait, suivant les anciens, toute sorte de parfums.

v. 119. Terga fallacis. La fuite des Parthes était redoutable, parce que c’est en fuyant que ces habiles archers décochaient leurs flèches.

v. 179. Amphionios. Cet adjectif est synonyme ici de Thebanos. Les murs de Thèbes s’étaient élevés aux accords d’Amphion. Voyez les Phénic., v. 566 et suiv.

v. 212. Responsa dubia. Les oracles, et particulièrement ceux d’Apollon, étaient obscurs et ambigus. C’est pour cette raison, selon quelques auteurs, que ce dieu était appelé Λοξίας, oblique.

v. 230. Lethoa vates. Les diverses interprétations de ce mot sont peu satisfaisantes. On a proposé des corrections, lœta, ou repleta, par exemple.

v. 238. Turpis maternos. Si l’on s’attachait à l’ordre des faits, ce vers devrait être placé avant celui qui le précède. Mais ce désordre même, ces menaces interverties augmentent l’ambiguïté de l’oracle, et l’incertitude de ceux qui veulent en pénétrer le sens.

v. 276. Castaliœ. La fontaine Castalie, voisine du temple de Delphes, était consacrée au culte d’Apollon.

v. 282. 'Bimares Sisyphi terras. Sisyphe fonda sur l’isthme une ville qui prit successivement les noms de Corcyre, d’Éphyre, et enfin de Corinthe.

v. 299. Appellite aris. Cette scène, toute de l’invention de Sénèque, n’est point intéressante sous le rapport dramatique ; mais elle renferme de curieux détails sur les pratiques religieuses des anciens dans les sacrifices.

v. 309. Les différentes circonstances du sacrifice, minutieusement observées par Manto, et transmises par elle à son père, sont toutes symboliques. La flamme qui brille et s’éteint si promptement, est l’image de l’élévation d’Œdipe, si-prompte et si peu durable. On observait, dans les sacrifices, le feu allumé sur l’autel, la forme et la direction de la fumée. C’étaient deux sciences nommées pyromancie et capnomancie.

v. 321. Ecce pugnax ignis. C’est ici le présage de la guerre que se firent dans la suite Étéocle et Polynice. La flamme du bûcher sur lequel on plaça leurs cadavres se divisa comme celle de l’autel. Voyez Herc. fur., v. 389.

v. 325. L’obscurité répandue autour d’Œdipe figure sa prochaine cécité.

v. 336. La manière dont les deux victimes se tiennent devant l’autel, les circonstances diverses de leur mort, se rapportent à la catastrophe qui va s’accomplir sur Œdipe et sur Jocaste.

v. 352. Ede certas viscerum. Ici commence une autre suite d’observations, qu’on appelait hiéroscopie.

v. 355. Les sept veines du foie qui se gonflent, et qui sont coupées par une ligne oblique, sont les sept chefs armés contre Thèbes. À l’exception d’Adraste, ils périrent tous dans cette guerre.

v. 360. Capita paribus bina. On ne sait pas exactement ce qu’étaient ces deux têtes du foie ; mais lorsqu’il en avait deux, ou lorsque la tête manquait totalement, c’était un présage des plus sinistres.

v. 363. Hostile valido robore. Les prêtres divisaient en deux parties, par la pensée, les entrailles de la victime : l’une était pour celui qui offrait le sacrifice, l’autre se nommait hostile. Les présages étaient favorables ou défavorables, suivant les signes que l’on observait sur l’une ou l’autre de ces parties. Ici, comme on le voit, le côté hostile du foie est plus développé ; présage alarmant pour le roi et pour les Thébains.

v. 373. Ce trait s’applique difficilement à Jocaste. Pourquoi désigner sous la figure d’une génisse, innuptæ bovis, celle qui n’a été que trop féconde pour son malheur et pour le malheur des siens ?

v. 418. Qualis iratam metuens. Bacchus était, comme les autres fils de Jupiter, l’objet de la colère de Junon. Pour s’y soustraire, il vécut quelque temps parmi les nymphes de Nysa, dans l’Inde, sous les traits et les habita d’une jeune fille.

v. 427. Le Gange, grand fleuve de l’Inde.

v. 432. Bassaridum. Les Bassarides étaient les prêtres de Bacchus. Leur nom, emprunté à la langue grecque,