Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/136

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grandes dames ! Je voudrais qu’on le chargeât de veiller sur leur conduite.

MÉGADORE. Allez où vous voudrez, il n’y a pas de maison de ville où vous ne trouviez plus de voitures qu’à la maison des champs. Mais ce n’est rien encore en comparaison des autres dépenses.. Vous avez le foulon, le brodeur, l’orfèvre, le lainier, puis une troupe de marchands : frangiers, chemisiers, teinturiers en orange, teinturiers en violet, teinturiers en jaune, vendeurs de manches, parfumeurs, brocanteurs, lingers, cordonniers, fabricants de pantoufles, de brodequins ; de l’argent au faiseur de sandales, au teinturier en fleur de mauve ; de l’argent au dégraisseur, au raccommodeur ; de l’argent à celui-ci pour des collerettes, à celui-là pour des ceintures. Vous payez, vous vous croyez quitte : voici venir une bande nouvelle qui assiège votre antichambre : tisserands, passementiers, layetiers défilent devant la caisse. Vous payez encore, et vous vous croyez quitte : arrivent les teinturiers en safran, ou quelque autre détestable engeance qui en veut à votre bourse.

EUCLION, à part. Je lui parlerais bien ; mais je serais fâché de l’interrompre au beau milieu de son chapitre. Laissons-le tranquille.

MÉGADORE. Vous avez réglé le compte de tous ces marchands de colifichets, voici pour le bouquet un soldat qui réclame son argent[1]. Vous allez chez votre banquier, vous comptez avec lui ; Le soldat reste là, le ventre creux, attendant ce que vous allez donner. Mais, de compte fait, il se trouve que c’est vous qui redevez au banquier. Il faut remettre le soldat à un autre jour. Et ce n’est là qu’une partie des désagréments et des folles dépenses qui sont la conséquence d’une grosse dot. La femme qui n'a rien de soumise à son mari ; l'autre le désole et le ruine… Mais j’aperçois mon beau-père devant sa porte. Que dites-vous de bon, Euclion ?

EUCLION. J’écoutais ce que vous disiez, et j’en étais ravi.

MÉGADORE. Ah ! vous m’avez entendu ?

EUCLION. D’un bout à l’autre.

MÉGADORE. À propos, il me semble que vous feriez bien de faire un brin de toilette pour la noce de votre fille.

EUCLION. Que chacun se mesure à son aune et se chausse à son pied. Les richards doivent se souvenir de leur origine ;

  1. L’impôt pour la guerre, établi l’an de Rome 350.