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Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/185

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même le pauvre Chrysale au supplice. Dès que le vieillard m’apercevra, il va me mettre entre les mains du bourreau.

MNÉSILOQUE. J’ai obtenu de mon père…

CHRYSALE. Qu’il ferait ce que je viens de dire, n’est-ce pas ?

MNÉESILOQUE. Non, mais qu’il ne te punirait pas, qu’il ne t’en voudrait pas à cause de cette aventure, et je l’ai obtenu à grand’-peine. Maintenant, Chrysale, il faut que tu prennes l’affaire en main.

CHRYSALE. Quelle affaire ?

MNÉSILOQUE. Que tu dresses contre le vieillard une autre batterie. Arrange, invente, imagine, concerte tout ce que tu voudras, mais aujourd’hui même, en habile homme, trompe sa vieille sagesse et enlève-lui son or.

CHRYSALE. C’est à peu près impossible.

MNÉSILOQUE. Mets-toi à l’œuvre, tu réussiras aisément.

CHRYSALE. Peste ! c’est aisé, en effet ! quand il vient de me surprendre en flagrant délit de mensonge. Je le prierais de ne pas me croire, à peine m’en croirait-il.

MNÉSILOQUE. Ah ! si tu savais ce qu’il m’a dit de toi !

CHRYSALE. Quoi donc ?

MNÉSILOQUE. Que quand tu lui dirais que le soleil est le soleil, il croirait que c’est la lune, et que si tu prétendais qu’il fait jour, il soutiendrait qu’il fait nuit.

CHRYSALE. Par Hercule ! je lui ferai la barbe aujourd’hui même : il n’aura pas dit cela pour rien.

MNÉSILOQUE. Maintenant, que veux-tu que nous fassions ? CHRYSALE. Faites l’amour, voilà tout ce que j’ordonne. Au reste, demandez-moi de l’or tant que vous en voudrez, je vous le donnerai. A quoi bon m’appeler Chrysale, si mes actions ne répondent à mon nom ? Mais voyons, Mnésiloque, combien vous faut-il ? dites-le-moi.

MNÉSILOQUE. Deux cents philippes pour payer au militaire la rançon de Bacchis.

CHRYSALE. Je vous les donnerai.

MNÉSILOQUE. Et puis pour notre dépense.

CHRYSALE. Ah ! doucement, chaque chose à son tour : quand la première sera terminée, je m’occuperai de la seconde. Je vais d’abord dresser mes batteries contre le bonhomme pour les deux cents philippes. Si ma baliste renverse la tour et les remparts, j’entre tout droit par la porte dans la vieille forteresse :