Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/195

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livré à Hécube ; mais le charme de sa parole le sauva, il sut persuader à la reine de le mettre en liberté ; j’ai fait comme lui : grâce à mon imagination, j’ai esquivé le danger et joué le vieillard. Après cela, j’ai engagé la lutte avec ce militaire fanfaron, qui prend les villes en paroles, sans tirer l’épée, et je vous ai battu mon homme ; alors, guerre au vieillard ! d’un seul mensonge le voilà en déroute, au premier coup il me livre les dépouilles. Il donnera au militaire les deux cents philippes qu’il a promis. Mais il nous en faut deux cents autres pour rafraîchir l’armée triomphante après la prise d’Ilion. Notre Priam est bien supérieur à l’autre : il n’a pas seulement cinquante fils, mais quatre cents bien comptés, tous sans tare et de bon aloi ; aujourd’hui même, en deux coups, je les aurai égorgés. Enfin, s’il se trouve un amateur pour notre Priam, je mettrai en vente cette vieille relique, aussitôt que j’aurai emporté la place. Mais j’aperçois Priam debout devant sa porte ; avançons et engageons la conversation.



SCÈNE XI. — NICOBULE, CHRYSALE.


NICOBULE. Qui parle là près de moi ?

CHRYSALE. Nicobule !

NIBOBULE. Qu’est-ce ? qu’y a-t-il ? As-tu fait ce que je t’avais recommandé ?

CHRYSALE. Belle question ! Approchez.

NICOBULE. Me voilà.

CHRYSALE. Je suis bon orateur ; je l’ai fait pleurer à force de reproches ; je lui ai débité toutes les réprimandes que j’ai pu imaginer.

NICOBULE. Et qu’a-t-il dit ?

CHRYSALE. Pas un mot ; il m’écoutait en silence et tout en larmes. Il a écrit sans rien dire et m’a donné ces tablettes cachetées pour vous les remettre. Mais je crains bien que ce ne soit encore la même chanson. Regardez le cachet, est-ce bien le sien ?

NICOBULE. Je le reconnais ; voyons, que je lise.

CHRYSALE. Lisez. (À part.) Voici la porte Scée qui se démolit : la ruine d’Iiion approche. Le cheval de bois fait un beau tapage.

NICOBULE. Chrysale, viens çà, tandis que je lis.

CHRYSALE. Qu’ai-je besoin d’être auprès de vous ?