BACCHIS II. Je me tirerai de l’entreprise à mon honneur, quoiqu’il ne soit pas gai d’embrasser un cadavre.
BACCHIS I. Tâche de réussir.
BACCHIS II. Tais-toi, et songe à ton rôle. Je ne changerai rien à ce que j’ai dit.
NICOBULE. Qu’ont-elles donc à tenir conseil à l’écart ?
PHILOXÈNE. Eh bien, mon brave…
NICOBULE. Qu’est-ce ?
PHILOXÈNE. J’ai à vous dire quelque chose dont je suis tout honteux.
NICOBULE. Honteux de quoi ?
PHILOXÈNE. Eh ! je veux me confier à vous comme à un ami. Vrai, je suis un franc vaurien.
NICOBULE. Il y a longtemps que je le sais. Mais à quel propos ?…
PHILOXÈNE. Eh ! je suis pris à l’hameçon ; le trait m’a pénétré dans le cœur.
NICOBULE. Il vaudrait mieux que ce fût dans les fesses. Mais que voulez-vous dire ? Quoique je pense à peu près le savoir, je désire l’entendre de votre bouche.
PHILOXÈNE, montrant Bacchis II. Voyez-vous cette femme ?
NICOBULE. Oui.
PHILOXÈNE. Elle n’est pas mal.
NICOBULE. Si vraiment, elle est mal, et vous, vous ne valez pas grand’chose.
PHILOXÈNE. En un mot, je l’aime.
NICOBULE. Vous, amoureux !
PHILOXÈNE. Ah ! que vous êtes assommant !
NICOBULE. Vous, vieil imbécile, vous osez faire le galant, à votre âge ?
PHILOXÈNE. Et pourquoi pas ?
NICOBULE. Quelle honte !
PHILOXÈNE, Pas tant de paroles. Je ne suis plus en colère contre mon fils, pardonnez aussi au vôtre. S’ils aiment, ils font bien.
BACCHIS I, à Bacchis II. Suis-moi.
NICOBULE. Ah ! enfin, les voici ! Eh bien, détestables sirènes, conseillères de vice, nous rendez-vous nos enfants et mon esclave ? ou bien faut-il avoir recours aux grands moyens ?
PHILOXÈNE. Fi le butor, de parler si grossièrement à une si gentille personne !
BACCHIS I, à Nicobule. Ô le meilleur des vieillards, cédez