Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/268

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CLÉOSTRATE. Je le crois sans peine.

CHALINUS. Moi, je ne le crois pas, j’en suis sûr.

STALINON, à part. J’ai à mon service plus d’habiles gêna que je ne croyais ; voilà un devin dans ma maison. (À Olympion.) Allons, levons l’étendard, et marchons à l’ennemi. Suis-moi. (À Cléostrate et à Chalinus.) Comment cela va-t-il ?

CHALINUS. Voici tout ce que vous avez demandé, votre femme, les sorts, l’urne et moi.

STALINON. Toi, c’est de trop.

CHALINUS. À ce qu’il vous semble ; mais je suis ici pour vous servir d’aiguillon. Eh ! eh ! votre petit cœur est déjà tout palpitant de crainte.

STALINON. Pendard !

CLÉOSTRATE. Tais-toi, Chalinus. (À Stalinon, en montrant Olympion.) Et vous, maintenez ce drôle en bonne posture.

OLYMPION, montrant Chalinus. Plutôt celui-là, il sait comme on s’y prend.

STALINON, à Chalinus. Mets l’urne ici, et donne-moi les sorts. Attention ! J’ai toujours pensé, ma chère femme, que j’obtiendrais de toi la main de Casina, et je le crois encore.

CLÉOSTRATE. Vous, la main de Casina ?

STALINON. Moi ! ah ! ce n’est pas ce que je voulais dire… je voulais dire moi, et j’ai dit lui (montrant Olympion), et j’en ai un si vif désir… Par Hercule, je parle tout de travers.

CLÉOSTRATE. Exactement comme vous agissez.

STALINON. Lui, te dis-je… non, par Hercule ! moi… Ah ! enfin me revoilà en bon chemin.

CLÉOSTRATE. Vous vous perdez assez souvent.

STALINON. C’est ce qui arrive quand on désire passionnément une chose. Mais (montrant Olympion) ce brave garçon et moi, chacun de notre côté, nous te prions, puisque tu es la maitresse…

CLÉOSTRATE. De quoi s’agit-il ?

STALINON. Je vais te le dire, chère mignonne : c’est d’accorder Casina à notre fermier que voilà.

CLÉOSTRATE. Je n’en ferai rien, c’est bien loin de ma pensée.

STALINON. Alors je vais tirer au sort entre eux.

CLÉOSTRATE. Je ne m’y oppose pas.

STALINON. C’est, à mon avis, le parti le plus juste et le meilleur. S’il en résulte ce que nous désirons, tant mieux ! sinon nous saurons nous résigner. (À Olympion.) Tiens, voilà ton sort. Vois ce qu’il y a d’écrit.