ALCÉSIME. Je ne l’oublierai pas.
STALINON. Ah ! tu es plus honnête que l’honnêteté même. Prends tes mesures, moi je vais sur la place ; je serai de retour dans un moment.
ALCÉSIME. Bon voyage.
STALINON. Tâche que ta maison ait une langue.
ALCÉSIME. Pour quoi faire ?
STALINON. Pour m’appeler quand je viendrai.
ALCÉSIME. Oh, oh ! tu mériterais une bonne volée ; tu es par trop plaisant !
STALINON. Que me servirait d’être amoureux si je n’avais le petit mot pour rire ? Mais fais en sorte que je n’aie pas à te chercher.
ALCÉSIME. Je ne bougerai de chez moi.
CLÉOSTRATE. Voilà donc pourquoi mon mari me priait tant de faire venir chez nous, et bien vite, notre voisine ; il lui fallait une maison libre pour y conduire Casina. Je me garderai bien de l’appeler ; je ne me soucie pas de donner les coudées franches à nos vieux libertins. Mais le voilà qui sort, cette colonne du sénat, ce soutien du peuple, ce brave voisin qui prête complaisamment sa chambre à mon mari. Ah ! par ma foi, si on en donnait un boisseau de sel, il serait encore trop payé.
ALCÉSIME. Je m’étonne qu’on ne vienne pas chercher ma femme ; depuis une heure elle est toute prête, attendant qu’on l’appelle… Mais voici, je pense, qu’on vient la prendre… Bonjour, Cléostrate.
CLÉOSTRATE. Bonjour, Alcésime. Où est votre femme ?
ALCÉSIME. Au logis ; elle vous attend ; votre mari m’a prié de la laisser aller chez vous pour vous aider. Faut-il l’appeler ?
CLÉOSTRATE. Non ; elle est occupée sans doute ?
ALCÉSIME. Elle n’a rien à faire.
CLÉOSTRATE. Peu importe ; je ne veux pas la déranger ; je la verrai plus tard.
ALCÉSIME. Est-ce que vous n’êtes pas en préparatifs de noces ?
CLÉOSTRATE. Si fait, je m’en occupe.
ALCÉSIME. Et vous n’avez pas besoin d’une aide ?
CLÉOSTRATE. J’ai assez de monde au logis. Après la noce, je viendrai la voir ; adieu, faites-lui mes compliments.