Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/276

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ALCÉSIME, à part. Que faire ? me voilà dans un bel embarras pour rendre service à ce vieux bouc édenté, qui me vaut ce désagrément. J’offre ma femme, j’ai l’air de mendier un repas. La peste soit de l’homme qui m’avait dit que sa femme viendrait chercher la mienne ! et on nous plante au nez qu’on peut s’en passer. Je serais bien étonné si la voisine ne se doutait pas de quelque chose. Mais d’un autre côté, quand j’y songe, si cela était, elle me ferait un beau sabat ! Rentrons, et remisons le carrosse. (Il sort.)

CLÉOSTRATE. Le voilà bien attrapé. Comme ils s’intriguent, ces vieux drôles ! Ah ! maintenant, je voudrais voir arriver mon vaurien, avec sa face décrépite ; je le jouerais à son tour, après m’être amusée de cet autre ; je veux susciter entre eux une bonne querelle. Eh ! le voici : à voir cet air grave, on le prendrait pour un homme rangé.


SCÈNE III. — STALINON, CLÉOSTRATE.

STALINON, sans voir Cléostrate. C’est une grande sottise, à mon sens, pour un amoureux d’aller sur la place le jour où il doit posséder celle qu’il aime. Imbécile que je suis ! j’ai perdu ma journée pour assister un parent au tribunal ; et, par Hercule ! je suis ravi qu’il ait perdu son procès ; au moins ce ne sera pas pour rien qu’il m’aura prié de l’assister aujourd’hui. On devrait d’abord, quand on réclame un pareil service, s’informer si celui que l’on choisit est ou non dans son bon sens. S’il dit que non, on laisse la tête folle s’en retourner au logis.. Mais voici ma femme devant la maison : malheur à moi ! je crains qu’elle ne soit pas sourde, et qu’elle n’ait tout entendu.

CLÉOSTRATE, à part. Oui, par Castor, j’ai tout entendu, et il t’en cuira.

STALINON. Approchons. Eh bien, que fait-on là, ma toute belle ?

CLÉOSTRATE. Je t’attendais.

STALINON. Sommes-nous prêts ? As-tu déjà fait venir notre voisine pour t’aider ?

CLÉOSTRATE. Je suis venue la chercher, comme tu me l’avais recommandé. Mais ton ami, ce brave homme, je ne sais ce qu’il a contre elle ; il m’a répondu qu’il ne pouvait pas la laisser venir.

STALINON. Tu as un grand défaut, tu n’es pas assez engageante.